9 milliards, c’est le nombre d’individus que notre planète pourrait compter parmi ses rangs avant 2050. Une question subsiste alors, comment parviendrons-nous à nourrir l’ensemble de la population ?

On pourrait penser à agrandir les terres agricoles, bien que déjà surexploitées, ou accentuer la déforestation, source de changement climatique.

Mais la réalité est aujourd’hui tout autre, particulièrement pour les grandes métropoles qui souffrent de leur nombre important d’habitants et d’un espace de plus en plus limité.

C’est pourquoi, depuis plusieurs années déjà, le concept des fermes verticales est apparu. Cette idée innovante s’appuie sur une agriculture revisitée dont les produits ne seront plus cultivés sur des hectares de terre, mais, bel et bien, en usine, les uns au-dessus des autres, à la verticale comme son nom l’indique.

Le principe est donc « d’étager des champs d’agriculture » dans une optique de gagner en superficie tout en répondant à la demande croissante en termes de consommation sans avoir recours à des herbicides ou organismes génétiquement modifiés (OGM).

 

Caractéristiques de l’agriculture verticale 

Ce concept, déjà présent dans certains pays asiatiques, nécessite toutefois des investissements massifs ainsi que des protocoles sanitaires et organisationnels minutieux. En effet, les produits seraient cultivés dans des usines en centre-ville ou en périphérie avec pour impact de réduire les gaz à effets de serre dus à la proximité des produits (en réduisant ainsi les transports de marchandises). L’avantage est aussi de pouvoir contrôler la température, la lumière et les apports nutritifs des plantes permettant donc la création d’un produit unique et modifiable sur demande. À cela s’ajoute, un gain de productivité dans la mesure où les plantes pousseraient 2 à 4 fois plus rapidement (Rombeaux, 2019). L’hydroponie et plus généralement l’agriculture hors-sol sont particulièrement pertinentes pour des zones devenues impropres à la plantation telle que Fukushima, au Japon, à la suite de la catastrophe nucléaire de 2011 : les habitants refusant, légitimement, de consommer des produits venant de cette zone. Les fermes verticales apparaissent alors comme une garantie d’accéder à des produits sains, locaux et sans particules (PWC, 2017). 

 

L’agriculture verticale : marque de fabrique de certains restaurateurs

L’agriculture verticale prend de plus en plus d’ampleur et devient même une marque de fabrique pour certains marchés ou restaurants. C’est notamment le cas du restaurant « Farmers & Chefs » situé dans l’état de New York aux États-Unis. John Lekik, chef de cette marque, a décidé de faire pousser lui-même ses légumes pour les servir directement à ses clients. Manquant de place, il s’est tourné vers l’agriculture verticale afin de cultiver tous les ingrédients qu’il fait pousser. Ainsi, cela lui permet d’utiliser près de 85 pieds carrés, mais surtout de contrôler exactement par lui-même toutes ses plantations, de ne pas utiliser de pesticides, de dépenser moins d’eau qu’en agriculture traditionnelle, de pouvoir cultiver même en hiver, et de servir des aliments biologiques à ses clients.

Utopie :

En se basant sur une perspective davantage utopiste, il serait alors possible d’allier l’esthétique d’un bâtiment, les bienfaits de la nature et un modèle durable qui s'autoalimente grâce à l’énergie des panneaux solaires

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Avec ce projet, les produits seraient locaux, frais et garantis « bio ». Il est également envisageable de penser à un système hybride pour des produits tels que des tomates où les semis, à savoir les graines et les semences, pousseraient en usine et les jeunes pousses sous serre. Cela permettrait ainsi de conserver à la fois l’aspect naturel du produit avec l’éclairage du soleil et la rapidité de pousse des fermes verticales pour les semis (Arte, 2014).

Nuances:

Malgré ce concept ingénieux, il va sans dire que l’on puisse douter de la qualité des produits. On y retrouverait, certes, l’aspect visuel, mais qu’en est-il de la texture, du goût, de la senteur, et, même, d’un élément essentiel pour lequel nous consommons ce type de produit : les vitamines ? Les apports sont-ils aussi importants que lorsqu’ils sont plantés sur la terre ? De plus, la consommation énergétique nécessaire au bon développement des plantes n'irait-elle pas en contradiction avec le but premier qui est d’opter pour un modèle durable et également rentable? (Erzinger, 2020)

En résumé, il est à retenir que les fermes verticales ne peuvent pas, actuellement, remplacer l’agriculture traditionnelle sous toutes ses formes. Les pommes de terre, par exemple, nécessitent d’être cultivées sur sol contrairement à de la salade, pour qui le processus est moins complexe. Ce modèle serait donc davantage un complément à l’agriculture telle qu’on la connaît plutôt qu’un concurrent. Enfin, cette transition suscite des interrogations à la fois au sein des générations d’agriculteurs concernant la succession de leur patrimoine, mais également pour la société en termes d’habitudes de consommation.

Par Mathieu Chantillon et Lise Espel


Sources :

Erzinger, Felicitas (2020, 28 août). “Le blé du futur poussera dans des tours”, Heidi.news, section Agriculture. Récupéré de https://www.heidi.news/sciences/le-ble-du-futur-poussera-dans-des-tours

FUTUREMAG - ARTE (réal.) (2014, 13 septembre), “Les fermes verticales - FUTURE - ARTE” [vidéo], France, ARTE (prod.). Récupéré le 29 mars de https://www.youtube.com/watch?v=Tp1zGmt7m9w 

PWC (2017) Les fermes verticales : la clé de l’autonomie alimentaire ?, PWC, Récupéré le 20 mars 2021 de https://www.pwc.fr/fr/decryptages/territoires/fermes-verticales-cle-de-autonomie-alimentaire.html

Rombeaux, Jean-Marc (2019, 16 mars). “La ferme verticale est un miroir aux alouettes”, Le Vif, section Opinion. Récupéré de https://www.levif.be/actualite/environnement/la-ferme-verticale-est-un-miroir-aux-alouettes/article-opinion-1138781.html?cookie_check=1616929749

Abby Foster, Chronogram (2020, 6 mai) “Farmers & Chefs Takes Farm-Fresh to New Heights with Vertical Gardens”. Récupéré de: https://www.chronogram.com/hudsonvalley/farmers-and-chefs-takes-farm-fresh-to-new-heights-with-vertical-gardens/Content?oid=10707137

Image [une ferme verticale utopiste], récupérée le 29 mars 2021 de: https://usbeketrica.com/media/3197/download/58dab2ab68c3a.jpg?v=1&inline=1

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